L’athéisme n’est pas seulement le refus de dieu, il est le refus de la croyance, de l’acte de foi. Ne pas croire en dieu mais croire aux fantômes, aux esprits ou à la voyance est à mon sens une façon bien singulière d’être athée. Celui-ci est avant tout refus de la superstition.
Le nombre d’horoscopes ou d’annonces pour un quelconque voyant ou marabout que l’on peut retrouver dans nos journaux semblent banaliser ces pratiques. Par ailleurs, on ne compte plus le nombre de personne escroquées par ce marché si lucratif qu’est la superstition. On nous promet monts et merveilles, la réussite, l’amour. On se rassure comme on peut, bien sûr. Mais doit-on profiter de la naïveté des gens pour autant ?
L’astrologie est une supercherie. Quand bien même l’on accepterait l’idée que les astres influencent notre comportement, chose à démontrer, il reste nombres d’erreurs dont les astrologues font fi. Leurs cartes du ciel sont inexactes et incomplètes. Pluton n’est plus une planète, en tiennent-ils compte ? Ils manquent nombre d’étoiles que l’astronomie à permis de découvrir. On ne peut être certain que certaines étoiles ne sont pas éteintes. Ce qui est dit pour décrire un Bélier, et que tant de monde semble trouver si juste, faites le lire par un Verseau en remplaçant le nom des signes. Vous verrez que le verseau trouvera la description tout aussi juste. Quand on veut voir quelque chose, on fini bien souvent par le voir. Les autres phénomènes qualifiés de surnaturels ne sont bien sûr pas plus crédibles.
Ce grand marché de la superstition semble séduire également la télévision. Ce vendredi 13 mars 2009, une émission appelée « La soirée de l’étrange » était diffusée sur TF1. Surfant sur tous les mythes entourant le vendredi 13, les animateurs ont sans vergogne fait passer de vulgaires tours de magies pour des pouvoirs surnaturels. La bêtise de l’émission n’était que le prolongement de ce qui est devenu une constante sur cette chaîne. On la sait prompte à exploiter les peurs. On sait sont éthique bien mince et son niveau culturel bien bas. Le journal télévisé n’y diffuse que reportages alimentant la peur de l’autre : banlieue, étrangers, pédophiles, jeunes…
La peur crée de l’audimat, surtout quand le niveau du débat est assez pauvre pour que chacun puisse le comprendre sans effort.
Il y a quelques temps, j’y avais déjà vu un reportage sur les combustions spontanées. A en croire le reportage, c’était là quelque chose qui dépassait la science, la laissait sans explication. Quelques jours plus tard, en en parlant avec ma sœur, celle-ci m’explicita que la science l’expliquait parfaitement (une histoire de température et de gaz s’échappant du corps, si ma mémoire est bonne). Grand magicien du sensationnalisme, TF1 tentait donc de faire passer pour phénomène surnaturel un processus qu’un cours de science de l’école secondaire expliquait parfaitement. Comment imaginer que cela puisse être dû a un manque d’information de la part des journalistes ? Sont-ils donc escrocs ou ignorants ?
Ce vendredi 13, j’ai été scandalisé par un reportage en particulier. On y montrait différentes personnes qui entendaient des voix ou avaient des visions. Leurs témoignages montraient des personnes en souffrances, il y avait même plusieurs enfants. Bien sûr, comme pour se dédouaner, le reportage donnait la parole à un pédopsychiatre qui diagnostiquait des cas d’épilepsies pour un des enfants. On peut légitimement penser à des cas de schizophrénies pour les autres cas, même si je préfèrerais laisser un psychiatre faire le diagnostic lui-même. La séquence, habilement montée, donnait peu de poids à la parole du médecin. Tout était fait pour que les téléspectateurs se confortent dans l’idée que des « esprits » ou des fantômes communiquaient avec ces gens. Non seulement le reportage confortait ses protagonistes dans leurs pathologies, mais je n’ose imaginer les dégâts que cela peut occasionner sur un spectateur souffrant de ce genre de symptômes. Toute la soirée était du même tonneau, un hymne à la désinformation.
La crédulité, la soif de mystérieux, l’ignorance, le manque d’éducation sont le terreau de ces médias,( car TF1 n’est pas le seul à brader l’éthique au plus offrant), leurs assurent des rentrées d’argents plus que scandaleuses. Mais cela va bien plus loin qu’un plan de marketing particulièrement efficace. En ces jours où l’économie libérale est omniprésente, ces scandaleuses pratiques sont tout autant conséquence du système capitaliste qu’élément moteur. Le libéralisme économique a besoin de conditionner les masses, de les faire adhérer à une certaine forme de pensée. Adam Smith, son plus éminent théoricien n’a pas seulement mis au point une gestion comptable des échanges. C’est tout un système philosophique qu’il a établi. Marqué par son protestantisme, il y a incorporé l’acte de foi sous le postulat de l’auto régulation du marché par : « la main invisible », terme laïcisé pour « la grâce providentiel de dieu ». Sa conception de la liberté n’est pas à comprendre au sens libertaire, même si elle n’en est pas totalement coupée, mais au sens de la liberté de l’Homo Economicus. La liberté est principalement celle d’entreprendre.
Je reconnais sans peine l’apport de ce mouvement aux progrès de ces derniers siècles, mais il ne faut pas se méprendre. Si les libéraux ont joué un rôle majeur dans la révolution française et dans la séparation de l’église et de l’état, c’est avant tout pour se débarrasser de pouvoirs politiques contraignants, les pouvoirs religieux et royaux. En effet, ces derniers imposaient des structures sociales et morales qui entravaient la liberté du marché. Les dirigeants de la France post révolutionnaire tout comme les pères fondateurs des Etats-Unis étaient davantage théistes qu’athées.
Le libéralisme est un système philosophique, comportant une certaine dose d’acte de foi, auquel il faut adhérer. Cependant, à notre époque, les grands systèmes de pensée (libéralisme, communisme, anarchisme…) son marqués par la suspicion. Les guerres mondiales, les goulags ont discrédités ces systèmes (pour le plus grand bonheur des religions). C’est pour cela que le libéralisme doit, en quelques sortes, se travestir. On peut dire qu’il y parvient plutôt bien, sa capacité d’adaptation est étonnante. Les Etats-Unis sont une démocraties ? Le Libéralisme (ou Ultralibéralisme) s’y fait s’en peine. Les théocraties arabes telles que l’Arabie Saoudite, Doubaï : libérales également ! La Chine, davantage totalitaire et nationaliste que communiste, est sans doute un des pays les plus libéraux aux monde.
Pour le libéralisme, les médias sont une arme de propagande des plus efficace. Ils permettent de faire passer des valeurs, des mécanismes libéraux dans l’esprit des gens, le tout étant d’être assez subtile pour faire passer cela pour du divertissement ou de l’information. Tout comme TF1 faisant passer le surnaturel pour une réalité, le libéralisme, par le biais des média, fait passer le libéralisme pour une réalité, pour l’état naturel du monde. Pour les pontes du libéralisme et les patrons de groupes de média ( souvent les mêmes personnes, copinant avec le pouvoir politique), il y a une réelle réciprocité d’intérêt. Le libéralisme s’assois toujours une peu plus tandis ces grands média font des profits scandaleux. Le religieux lui, bénéficie bien sûr de ce conditionnement à la croyance. Certain, possède d’ailleurs leurs propres média.
Il ne faut pas caricaturer ce qui se passe, je ne veux pas faire croire à une grande conspiration des patrons et politiques. Il ne s’agit pas de réunion où tous conspirent en fumant de gros cigares, bien que les vacances du président français tendent à faire croire à se cliché. Non, il s’agit de convergence d’intérêt dont chaque partie est consciente. Encore une foi, il s’agit d’appeler à la méfiance. Ne pas croire bêtement à tous ce que les média nous montrent. Il serait d’ailleurs bon que l’on apprenne dans les écoles à décrypter le discours des médias. Que l’école soit le lieu où l’on forme des personnes capables d’autonomie et capables de critique. Car c’est avec de tels citoyens (pas forcément athée pour autant), qu’une démocratie peut réellement fonctionner. Que la gauche se défasse de son caractère compassionnel, qu’elle oublie sont petit livre rouge et son panthéon communiste et propose un réelle alternative laïque,démocrate et libertaire, il est plus que temps.