dimanche 1 mars 2009

Du bon usage du bien et du mal

Le religieux tel que nous le connaissons s’articule autour des concepts de bien et de mal. C’est par rapport a cette dualité que vont se construire les étiques et les dogmes. Cela n’est pas en soit blâmable. Bien sur l’on peut mettre en doute, l’idée d’un bien absolu, d’un mal absolu. On peut discuter et dépasser ces concepts. La psychanalyse les remet à mon sens en question. Mais nous entrons ici dans des considérations philosophiques. Reconnaissons aux croyant le droit de construire ainsi leur étique de vie, tant qu’ils ne nous l’imposent pas.

Ce qui pose problème, c’est la manière dont les pouvoir religieux et politiques articulent ces concepts au gré de leur soif de pouvoir. Les religions ont par nature un besoin d’expansion. Leur nombre de fidèle se doit d’être croissant. Cela peut se traduire par une expansion démographique basée sur une natalité forte (le judaïsme), sur le prosélytisme (la haine du sexe paulinienne réfrénant la natalité) et les deux (islam). Il n’y a pas lieu ici de comparer les méthodes des différentes religions, leur but est le même, les circonstances les ont poussées sur des voies différentes.

Non contentes de se propager, les religions doivent raffermir la foi et la fidélité dans leurs ouailles. Toujours dans une logique de renforcement de leur pouvoir il leur faut canaliser la foi de leur fidèle, l’intensifier. Les dirigeants politique ou religieux qui se cachent derrière les religions, qui tirent bénéfice de ces mouvements de foi savent très bien que cette dévotion envers un dieu, passe par une fidélité à leur égard. Il connaisse les rouages de la mécanique de la foi ainsi que sa dimension identitaire.

La foi est un sentiment irrationnel, qui bien articulé peut devenir une pulsion très forte. Elle peut être le moteur d’une dévotion sans limite, elle n’encourage aucunement le prise de recul, le jugement objectif de la situation.

Je m’arrête ici quelque instant pour préciser ce que j’entends par foi. Il ne s’agit pas ici de foi purement religieuse, mais d’une mécanique de dévotion irrationnelle envers un homme ou une idée. Nous avons pu assister à de telle manifestation de foi dans l’Allemagne nazie tout comme dans la Russie stalinienne. Nombres de croyants, par la même ayant la foi, ont fait preuve de bien plus de recul face à leur religion.

La dimension identitaire d’une religion est également très importante. En se fondant dans une communauté qui lui ressemble, le « fidèle » se sent plus fort. Le fait d’être entouré de personne qui sont semblables lui donne un sentiment de sécurité. La différence fait peur, est inconfortable car elle nous remet en question sur nous même. Mais là, tout est fait pour gommer les différences, une identité clef en main est fournie. Plus besoin de se chercher, tu es ceci ou cela, les réponses toutes faites abondes.

Si à cette identité exacerbée par une foi sans cesse ranimée et excitée (pour ne pas dire instrumentalisée) est déjà en soit regrettable, y coller l’étiquette du bien devient explosif. « Tu es dans le bien », avec toutes les promesses que cela comporte. De plus si l’on est dans le bien par le fait d’être dans le groupe, ce qui lui est externe est le mal. Il faut donc le combattre le rejeter. Nous nous retrouvons donc face à une vision duale du monde. La lutte du bien contre le mal, programme affiche sous quelques noms que ce soit par la religion et nombre de chef d’état nous entraine tous dans cette lutte sans merci. Sous le couvert de représenter le bien, l’on désigne un ennemi à combattre. Cet ennemi, c’est ce qui nous menace et les dirigeants n’en retrouve que des fidèles plus convaincu et plus apeurés. La peur, toujours la peur d’une menace construite, un des meilleurs meilleur moyen de s’attirer les grâces d’un peuple, surtout si l’on articule également la foi et l’identité.

Les apprentis sorciers qui jouent à ce terrible jeu feraient bien de prendre garde. Car à force de jouer sur la menace du conflit, du choc des civilisations, le soi disant danger pourrait vite devenir réalité. Mais peut être savent-ils très bien que cela ne serait que bénéfice pour eux?

9 commentaires:

Unknown a dit…

je trouve que cette article décrit très bien les religions.

Je voudrais ajouter, que ici au Québec, les femmes mariés avant les années 1960 était obligé, par le clergé(catholique), d'avoir le plus d'enfants possible. Et cela même si cela mettait en danger la vie de l'enfant et de la mère.

monisme a dit…

Je vous remercie pour cette précision.

Il me semble en effet que la situation au Québec est pire qu'en Europe.

Unknown a dit…

Elle l'était avant 1960, maintenant ici la laïcité est très semblable a celle de la France.
Même si on a ressemant marche arrière avec les cours d'éthique et de religion...

Mais la religion a toujours un aura de respectabilité, que je trouve, non mérité. De plus elle bénéficie du bien meilleur visibilité médiatique. A Montréal, depuis le début du mois on a des bus avec le message athée "Dieu n'existe probablement pas. Alors, cessez de vous inquiéter et profitez de la vie."

Anonyme a dit…

Bonjour,

Vous ne croyez ni au bien ni au mal, pourtant vous faîtes ce qui vous semble bien. Il est temps de vous rendre à l'évidence: le bien et le mal existent réellement, et c'est aller vers la perdition que d'y recourir sans la lumière de Dieu.Car sans Lui, rien ne ressemble plus au bien que le mal.

Unknown a dit…

Le bien et le mal sont des concepts que les humains, ont inventer pour pouvoir vivre en société. Chaque être humain ont une conception plus ou moins différente du "bien et du mal"(croyants ou non).

monisme a dit…

Comme le dit François, le bien et le mal sont des notions arbitraires et humaines.
Je fais ce qui me semble bon, certes, mais je n'impose à personne cette notion comme absolue, elle n'est que le reflet de ma réflexion.
Quant à la lumière de dieu, elle fut bien trop souvent celle des buchers et des fusils pour être un exemple de bien.

Anonyme a dit…

Je ne suis pas certaine d'être d'accord avec l'affirmation de françois, soit "le bien et le mal ont été inventés pour qu'on puisse vivre en société". Je pense qu'individuellement, chaque personne est poussée à se faire une idée consciente ou inconsciente de ce qu'elle considère comme étant bien, et ce qu'elle considère comme étant mal, survie oblige. Ce sont toutes fois à mes yeux des notions bien personelles, et quoique certaines versions soient plus rationelles que d'autres, il me semble en effet qu'il serait bien difficile d'identifier une définition de ces deux pôles qui serait universelle. Je pense que la société existe parce que ces notions de bien et de mal prennent une forme si différente d'une personne à l'autre qu'il aurait été difficile pour l'espèce humaine de survivre si on n'avait pas établi un contrat social nous permettant de concilier un tant soit peu toutes ces différences.

Pour ce qui est de votre article sur la religion, je l'ai trouvé fort intéressant. Merci.

Anonyme a dit…

Juste pour être plus claire, je suis d'accord avec ce que dit françois mais ne pense pas que la société précède les notions de mal et de bien. Je pense plutôt que ces notions précèdent la société.

Mais bon c'est même pas le même sujet que l'article:)

Juste "my two cents":)

Unknown a dit…

"Je pense plutôt que ces notions précèdent la société."

Je ne m'étais pas vraiment pose la question, mais je pense que c'est effectivement le cas. Mais le fait de vivre en société a surement renforce ces notions.

"Ce sont toutes fois à mes yeux des notions bien personelles, et quoique certaines versions soient plus rationelles que d'autres, il me semble en effet qu'il serait bien difficile d'identifier une définition de ces deux pôles qui serait universelle."

Je pense qu'il y a des concepts moraux plus partagé que d'autres et qu'il faut les envisager de façon rationnel et pas trop de façon émotionnelle ou dogmatique.

Les positions de(s) l'église(s)/religions me semble beaucoup plus politique(maintient/accroissement/justification de leurs pouvoir), que réellement morale.