vendredi 19 décembre 2008

Chanson

Voici le texte de la superbe chanson de Brassens: Le mécréant

Est-il en notre temps rien de plus odieux
De plus désespérant, que de n'pas croire en Dieu ?

J'voudrais avoir la foi, la foi d'mon charbonnier
Qui est heureux comme un pape et con comme un panier

Mon voisin du dessus, un certain Blais' Pascal
M'a gentiment donné ce conseil amical

" Mettez-vous à genoux, priez et implorez
Faites semblant de croire, et bientôt vous croirez "

J'me mis à débiter, les rotules à terr'
Tous les Ave Maria, tous les Pater Noster

Dans les rues, les cafés, les trains, les autobus
Tous les de profundis, tous les morpionibus

Sur ces entrefait's-là, trouvant dans les orties
Un' soutane à ma taill', je m'en suis travesti

Et, tonsuré de frais, ma guitare à la main
Vers la foi salvatric' je me mis en chemin

J'tombai sur un boisseau d'punais's de sacristie
Me prenant pour un autre, en ch?ur, elles m'ont dit

" Mon pèr', chantez-nous donc quelque refrain sacré
Quelque sainte chanson dont vous avez l'secret "

Grattant avec ferveur les cordes sous mes doigts
J'entonnai "le Gorille" avec "Putain de toi"

Criant à l'imposteur, au traître, au papelard
Ell's veul'nt me fair' subir le supplic' d'Abélard

Je vais grossir les rangs des muets du sérail
Les bell's ne viendront plus se pendre à mon poitrail

Grâce à ma voix coupée j'aurai la plac' de choix
Au milieu des petits chanteurs à la croix d'bois

Attirée par le bruit, un' dam' de Charité
Leur dit : " Que faites-vous ? Malheureus's arrêtez

Y a tant d'homm's aujourd'hui qui ont un penchant pervers
A prendre obstinément Cupidon à l'envers

Tant d'hommes dépourvus de leurs virils appas
A ceux qu'en ont encor' ne les enlevons pas "

Ces arguments massue firent un' grosse impression
On me laissa partir avec des ovations

Mais, su'l'chemin du ciel, je n'ferai plus un pas
La foi viendra d'ell'-même ou ell' ne viendra pas

Je n'ai jamais tué, jamais violé non plus
Y a déjà quelque temps que je ne vole plus

Si l'Eternel existe, en fin de compte, il voit
Qu'je m'conduis guèr' plus mal que si j'avais la foi

jeudi 11 décembre 2008

Pour en finir une bonne fois pour toute avec le créationisme

Depuis toujours, l'Homme tente d'expliquer l'origine du monde. Que ce soit par des mythes ou par la science, cette question de l'origine est présente dans toute les civilisations. Le dernier courant en vogue, particulièrement au USA mais également des certains pays musulmans est l'Intelligence design. Il s'agit d'une interprétation littérale du mythe de la genèse. Si le mouvement créationniste n'est pas neuf, sa dernière mouture, l'Intelligence design, apparue dans les années nonante prend une ampleur considérable.

Le créationnisme est une réaction au Darwinisme. Les religieux, ne pouvant souffrir de voir leur dogme contesté par la science, on eu tôt fait de réagir en affirmant la véracité de leur mythe des origines. La question centrale était l'enseignement, prenant la jeunesse en otage, il y eu différent procès pour interdire l'enseignement du Darwinisme et promouvoir les élucubrations créationnistes.

De tous temps, les religions ont voulu s'acaparer la place de la science. Nous sommes là face à une des dimensions totalitaire du religieux.

Si le darwinisme est de nos jours enseigné dans la plupart des écoles, cela ne ce fit pas sans mal. Certains mouvements religieux ne s'en sont jamais remis. C'est pourquoi est apparu l'intelligent design. Sous le couvert d'une rigueur scientifique des plus discutables, les créationnistes ont élaboré une théorie fumeuse. Elle admet les preuves paléontologiques de l'apparition de différentes espèces, cependant elle refuse le concept d'évolution mécanique et se réfugie dans le surnaturel, à savoir dieu.

Ce courant a de nos jours le vent en poupe, et il convient d'y prendre garde. Les mélanges entre la foi et la science sont un outil de manipulation des plus dangereux.

Le grand problème de cette "théorie" est qu'elle n'est pas scientifique. En effet, il n'est nul besoin de la réfuter point par point, elle n'est tout simplement pas recevable. La science est basée sur l'expérimentation, comment faire l'expérience de dieu? C'est par définition impossible.

Nous sommes là face à une dérive du religieux teinté de sa mégalomanie. Sous le couvert d'un discourt prônant l'humilité, les religions n'ont pas la sagesse de dire: «Je ne sais pas". Si elles le disent, c'est pour ajouter que seul dieu le sait. Cela revient à dire qu'il est impossible de le savoir et donc que l'on connait tout ce qu'il est possible de savoir, que pour le reste c'est impossible. Je veux dire que les religions affirment savoir tout ce qu'il est possible de savoir. Quelle prétention! Je pense qu'il est bien plus sage d'admettre que nous ne savons pas certaines choses et d'essayer de les comprendre avec rigueur et honnêteté. La science n'explique pas tout, elle ne le fera surement jamais, mais elle préfère admettre son ignorance plutôt que de proposant des théories d'où la rigueur et la méthode sont absentes. Elle admet ses limites tout en cherchant à les dépasser.

Je trouve qu'il y a là une sagesse dont bien des gens devraient s'inspirer.

lundi 8 décembre 2008

Les athées et la spiritualité

Il est une réflexion qui revient souvent au sujet des athées: «Vous n'avez pas de spiritualité". Cette attaque souvent teintée d'un profond mépris mérite que l'on s'y attarde. En effet elle suppose différentes choses. Si l'on se penche quelque peu sur cette phrase, il est intéressant de dégager ce qu'elle affirme.

- La spiritualité est quelque chose de profondément religieux.
- Il est nécessaire d'avoir de la spiritualité.
- Le bien et le mal, postulat monothéiste je le rappelle, se positionnent également par rapport à cette spiritualité que s'approprie le religieux.

Pour l'athée, il est différentes positions possibles. Celles-ci vont dépendre de chacun bien sur, mais également de la définition que l'on donne à la spiritualité.

Voici trois définitions du Petit Robert:

Spirituel:

1 Propre ou relatif à l'âme, en tant qu' émanation et reflet d'un principe supérieur et divin
2 Qui est d'ordre moral, n'appartient pas au monde physique.
3 Qui a de l'esprit, de la vivacité, de l'à-propos.

La première des définitions rattache la spiritualité au domaine de la religion, en tout cas de la croyance. Cependant, la négation du divin, du dualisme rentre dans cette catégorie. Un athée peut très bien accepter le concept de l'âme, mais en tant que concept. Une réflexion sur l'inexistence de dieu rentre dans le domaine de la spiritualité.
Par ailleurs, une prise de position telle que " Non, je n'ai pas de spiritualité, ce domaine ne me concerne pas, je ne le reconnais pas, cela n'est ni bien ni mal" est à mon sens spirituel. Cette affirmation questionne l'esprit, questionne ce domaine et donc est selon moi spirituelle ou tout du moins philosophique. Elle ne mérite en tout cas ni insulte, ni mépris.

Les deux autres définitions peuvent tout à fait correspondre à un athée. La morale, au sens philosophique du terme, n'est pas l'apanage des croyants. Pour l'athée, elle est construite par l'humain, pour le croyant (ou le dualiste), elle est bien souvent héritée, reçue, transmise. Il est certain qu’elles vont différer, mais ce sont là deux différentes manières d'avoir de la spiritualité. L'athée qui questionne est à mon sens plus spirituel que le croyant qui va à la messe par habitude, et observe les rites ans se poser la moindre question.

J'aimerais expliquer ce qu'est pour moi la spiritualité d'un athée, celle de l'athée que je suis. Si je pouvais y ouvrir un croyant, sans prosélytisme, ou juste un peu, n'ayez crainte, j'en serais ravi.

Pour moi, ce monde est une perpétuelle source d'interrogations. C’est en tant qu'être humain que je me les pose, peut-être même est-ce la condition pour que ces questions soient posées, sous cette forme en tous cas. Je vais poser des concepts, humains c'est certain, ils ne sont que mon interprétation, mais qui selon moi sont une forme de spiritualité. La beauté, l'émerveillement, le bon, l'effrayant... Questionner ces concepts m'enseigne des choses sur moi, sur le monde.

Apprécier un bon repas, goûter de la subtilité des délices d'un bon plat, n'est ce pas spirituel? Pourtant, il y a une grandeur, un élan de sublime que cherchent bien souvent les cérémonies religieuses. N’est- on pas en plein rapport entre le corps et l'esprit, que les définitions de ces termes soient matérialistes ou non.

Il en est de même du sexe, de toute forme de plaisir. Quelle que soit notre sexualité, dans la mesure au chacun est consentant, le plaisir et le contact avec l'autre sont potentiellement une ouverture à la spiritualité. Il en est de même de l'alcool, du confort, de toute source de plaisir.

L'art, et-ce qu'un athée est insensible à l'art? Non. Je puis être retourné par la magnificence de Bach. Cet homme composait pour dieu, mais il touchait et exprimait des sentiments humains. Nous les nommons d’une manière différentes, les interprétons autrement, c'est tout. L'art est le lieu même de la spiritualité, cet acte inutile qui devient nécessaire, quoi de plus grand et plus spirituel?

La science elle-même nous offre une interprétation du monde, une compréhension chargée de poésie. L'histoire de l'évolution, par exemple, est digne des plus grandes épopées, est aussi riche en enseignement que n'importe quel texte religieux pour qui accepte de la regarder et surtout de s'émerveiller. Car la science à ceci de poétique qu'elle peut être une sublime source d'émerveillement.

Le sens de la vie, qui pour moi est le sens que JE donne à MA vie est un forme de spiritualité, de quête permanente. Je ne peux que citer Hermann Hesse,(dont je recommande la lecture de tout les ouvrages), dans Le jeu des perles de verre:"
Que tu deviennes professeur, savant, ou musicien, aie le respect du "sens", mais ne t'imagine pas qu'il s' enseigne."

La spiritualité, que je reconnais comme bien difficilement définissable, est possible pour tous, elle n'est la propriété de personne. Se l'approprier c'est déjà la diminuer. Elle n'est ni bien, ni mal, il est des positions spirituelles que je réfute, car rien n’est absolu.

J'ose espérer que des athées et des croyants ont pu se reconnaitre dans mes propos.

dimanche 7 décembre 2008

Athéisme, religion et racisme

Lorsque le christianisme était la principale religion de l'Occident, la lutte contre le religieux ne pouvait être assimilée à du racisme. Bien sur, l'antisémitisme était bien présent, mais ne se confondait guère avec le combat laïque.

Depuis quelques décennies, l'Islam prend une place de plus en plus grande dans nos sociétés. Les grandes vagues migratoires ont amené cette religion qui a acquis un certain poids. Elle est bien souvent la deuxième religion de nos pays. Que l'Europe accepte des personnes en difficulté ou tout simplement exprimant le désir d'y vivre, c'est on ne peut plus légitime. Je pense et affirme que cette arrivée de migrants est une bonne chose. Non seulement il en va de la dignité de nos sociétés qui ne doivent refuser leur aide à quiconque en a besoin, mais cela nous ouvre à l'autre et devrait éviter la fermeture sur soi ou sur une idée raciale ou nationaliste de nos contrées.

Cela ne se passe certes pas sans problème, nos gouvernements n'en faisant pas assez pour permettre une bonne intégration et les frontières se fermant de plus en plus. Ce n'est pas le lieu pour débattre des politiques d'immigrations. Je voulais surtout préciser que mon opinion est celle de quelqu'un qui se qualifierait de "pro-immigration».

Cependant, il est devenu on ne peut plus délicat de critiquer l'Islam. Une sanction guette celui qui s'y risque: Raciste ou encore, islamophobe. Être critique à l'encontre d'une religion est pourtant un droit inaliénable, je dirais même que donner un statut particulier à cette religion serait une forme de racisme. Cela laisserait entendre que ses fidèles ne sont pas assez intelligents pour comprendre la laïcité. Un statut particulier serait un obstacle majeur à l'intégration des musulmans, il est impératif de les considérer comme citoyens à part entière, le particularisme est l'ennemi de l'intégration.

Je ne peux que déplorer les tentatives de groupes ou partis racistes, de récupérer le combat laïque pour s'en prendre à une partie de la population.

Si je m'en prends à l'Islam, c'est tout simplement parce que je considère les religions comme des idées fausses et potentiellement dangereuses. L'Islam est une religion, donc me pose problème. Il en est de même du Christianisme, du judaïsme ou du bouddhisme. Je mets dans le même panier (sans toutefois ignorer leurs nuances), l'Islam intégriste, la folie évangéliste , le communisme stalinien (idéologie bien proche d'une religion) ou le nazisme lui aussi étant structurellement proche d'une religion. Je me méfie du religieux et refuse de le voir guider ma vie par ses effets sur la vie sociale ou la politique. La laïcité exige une vigilance de tous les instants. Je pense que les religions, même dans leurs formes modérées, sont dangereuses. Heureusement, on trouve dans ces postures modérée certaines personnes attachées également à la laïcité et ouvertes au débat. Avec eux nous pourrons avancer.

Si l'athéisme ne peut accepter le racisme, il doit rester lucide face aux religions. L'effet de groupe, se trouvant dans le "bien" face au monde extérieur dans le "péché" est on ne peut plus pervers. Même dans sa forme modérée, le religieux est misogyne et homophobe, destructeur au point de vue de l'épanouissement sexuel. En taxant le sexe de péché, les religions gangrènent la société en condamnant une des formes les plus belles d'épanouissement. Les religions posent des normes de pudeur qui font reculer nos libertés en les grignotant (pour exemple on parle de femme non-voilée, ce qui revient à faire de la femme voilée un état normal, je ne peux qualifier cela autrement que comme un vol du corps des femmes). Les positions des différentes religions sur l'avortement, l'euthanasie sont fort proches et par là elles s'approprient nos corps et nos vies (car elles ont un poids, certes indirect, dans le vote des lois). La religion a une fâcheuse tendance à remplacer la justice sociale par la charité, ce qui revient à accepter la pauvreté. La liste de mes griefs est encore longue, mais je vais m’arrêter ici.

Je voudrait terminer en appelant chacun, athée ou non, à la vigilance, car si le vivre ensemble est possible, il doit se méfier du religieux, le laisser à sa place , c'est à dire dans le domaine du privé.