mardi 30 septembre 2008

Education

Comme bien d’autres athées, je suis né catholique. Ou plutôt, j’ai hérité de cette classification par ma naissance. Cela impliquait donc tout un cérémonial. Le baptême et autres communions, mais bien plus encore. Mes convictions n’avaient pas lieu d’être, on m’en avait transmises en me signalant que m’en éloigner, les remettre en question était déjà mal. La religion fut le totalitarisme de mon enfance, école catholique, catéchisme, messe du dimanche et autres festivités commémorant le nazaréen. Un problème cependant, je n’ais jamais cru une seule seconde à ce principe de divinité.

Cela n’est pas très confortable pour un enfant. En effet, celui-ci doit pouvoir se différencier de ses parents. C’est ainsi que se construit une personne saine. La religion, par sa transmission autoritaire et son totalitarisme enlève à l’enfant toute possibilité de le faire. « Tu es catholique (ou juif pratiquant, musulman, protestant…) donc tu es comme moi, je suis comme toi, te démarquer, c’est péché, c’est te renier. Ce que tu es, et que nous sommes, n’accepte pas que tu en sortes, sinon tu n’es plus rien, donc, tu n’es plus toi. » Tel est le message au mieux implicite donné par une éducation religieuse.

Enfant j’ai donc du dissimuler mon athéisme, mais n’avais aucun moyen de me construire. On ne m’a jamais dit qu’il existait d’autres pensées. En plus de ce manque de repère, car la religion ne donne pas de repère, elle accapare l’esprit, je devais mentir. Sans souscrire à l’idée de péché, je n’aimais pas mentir. Non seulement parce que je devais tromper les gens, mais en plus il me fallait dissimuler ma propre personnalité. Je savais le drame qu’impliquerait la révélation de mon athéisme. Par lâcheté peut être, je n’ai rien dit. J’ai une excuse cependant, j’avais six ans peut-être, et le monde (ce qu’était pour moi le monde) était contre moi.

Peut-on encore accepter pareil dilemme pour nos enfants ? Je ne suis pas en train de prétendre qu’un enfant doit recevoir une éducation strictement athée. Il ne faut pas tomber dans le totalitarisme athée. Reproduire ce génocide mental pratiqué depuis des siècles ne serait guère glorieux. Il est impératif de permettre à l’enfant de connaître les différentes pensées qui ont traversés le monde. Lui faire comprendre qu’il peut y puiser comme bon lui semble. C’est en lui proposant cet éventail si riche qu’il pourra se construire pleinement. Il faut certes transmettre des valeurs, des codes de vie mais ne disposons-nous pas de règles de politesse, d’une charte des droits de l’Homme, de principes du vivre ensemble qui soit neutres (qui s’en approchent) ?

Je conçois que l’on veuille transmettre sa culture à son enfant, mais cela n’implique pas d’imposer des dogmes ou une pensée unique, c’est lui faire savoir d’où il vient. Un enfant musulman ne vient pas seulement de l’islam, il vient (pour certains, que l’on m’excuse le cliché) d’une civilisation dont la richesse ne se résume pas à la religion.

Oui, il est grand temps de renverser ce commandement qui nous dit « Tu honoreras ton père et ta mère » et que les parents honorent la personnalité propre leurs enfants et leurs permettent de se construire. Il s’agit pour les parents et aussi pour l’école, d’une tâche exigeante mais nécessaire. Il s’agit d’un acte gratuit, mais qui doit permettre à notre monde d’avancer. Il s’agit d’autoriser un monde pluriel, qui pourra apprendre le vivre ensemble.

PS : Je voudrais préciser que mes parents n’étaient pas des chrétiens fondamentalistes, mon témoignage et mon passé sont ceux d’un chrétien lambda.

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